Appelez-moi Pierre Richard
Je suppose que chez vous, c'est pareil, il y a des périodes noires. En ce moment, ma maladresse pourrait remporter l'oscar de l'accumulation répétitive aggravationnelle (pourquoi pas ?). Ou gravitationnelle, ça marcherait aussi.
Le matin, un coup de pouce - c'est le cas de le dire - et hop, inondation de café sur la table du p'tit déj, avec baignade de tartines et de paquet de céréales, et glissades jusqu'au sol le long de la toile cirée. Ploc. Ploc.
Le soir, échec de ma fabrication de lessive pour la première fois, grâce probablement à Murphy qui m'a fait ajouter un verre de vinaigre en trop. Ce verre, pourtant d'apparence innocente, a fait bouillonner l'ensemble sous mes yeux ébahis - et légèrement exorbités - , et déborder la casserole, jusqu'à ce que j'aie la présence d'esprit de transférer la casserole dans l'évier, non sans inonder au passage la plaque, le sol, mes pieds, et ceux des spectateurs accourus au son de ma mélodieuse voix de charretier. Il s'est avéré que le mélange était non seulement visqueux mais aussi collant, et surtout, GRAS. TRES GRAS. Et que même l'eau très chaude n'y pouvait que pouic.
Le même soir, un peu échaudée par mon karma déclinant, j'ai fait vachement gaffe en me préparant un mélange d'huile d'argan avec quelques gouttes d'huile essentielle de gaulthérie - pour mon arthrose précoce, j'adore vieillir. J'ai soigneusement refermé les deux flacons. J'ai ensuite transporté ma petite tasse d'huile au salon, en prenant garde à tous les pièges largués çà et là par mes enfants si ordonnés, et je me suis installé, en suivant mon rituel de petite vieille : assise dans le canapé, pieds surélevés, et plaid tout doux. J'oins (je ouin ? Juin ?) mes mains reconnaissantes et dépose très précautionneusement ma tasse sur l'accoudoir, ne souhaitant pas me relever et réitérer mon rituel agréable certes, mais d'une certaine longueur.
Vous l'avez senti venir, vous ?
Le chat ?
Il faut que je refasse de la lessive.
Souhaitez-moi bonne chance.